Justice prédictive : l’IA remplacera-t-elle le juriste ?

6 février 2018 | Par

Diplômé en droit public et en sciences politiques et après plusieurs expériences en France et à l’étranger, Louis Larret-Chahine est convaincu du potentiel de la technologie pour les métiers du droit. Il cofonde alors PREDICTICE, une start-up consacrée à la justice prédictive.

Justice prédictive : l’IA remplacera-t-elle le juriste ?

Louis Larret-Chahine : Notre société est une legaltech créée en janvier 2016. Nous sommes partis du constat simple qu’il n’existait pas d’outil pour chiffrer l’aléa judiciaire. Cette problématique est rencontrée de façon transverse par de nombreuses professions du droit. Par ailleurs, la loi pour la République numérique votée en octobre 2016 a permis de mettre en exergue la force de l’open data.

Notre technologie repose sur du machine learning. Et notre solution est actuellement capable de lire deux millions de décision de justice par seconde. En d’autres termes, Predictice permet par exemple d’affiner l’analyse des professionnels du droit dans les chances de succès d’un dossier ou encore de recourir et d’exploiter les bases jurisprudentielles. Nous avons d’abord adressé le marché des avocats mais nous avons rapidement pivoté car nous nous sommes aperçus que notre solution pouvait également répondre aux enjeux d’entreprise et notamment ceux des directions juridiques.

Dans quelle mesure les algorithmes optimisent-ils votre stratégie juridique ?

Louis Larret-Chahine : D’abord, ils optimisent votre stratégie contentieuse avec le calcul des probabilités de succès de votre litige. Ainsi vous pouvez tester vos arguments et choisir la meilleure stratégie. Le recours à nos solutions vous fait également gagner en temps et en performance. Grâce à un moteur de recherche comprenant le langage naturel et à la lecture enrichie, vous pouvez trouver tout de suite l’information dont vous avez besoin. Enfin, Predictice est également un outil permettant d’affiner la négociation, en estimant précisément les enjeux financiers du dossier.

Aujourd’hui, nous souhaitons constituer un groupe de travail composé de 10 directions juridiques pour engager une démarche de co-innovation et créer un outil ad hoc. Nous souhaitons innover avec les entreprises qui font face à des hauts niveaux de contentieux. Cela concerne donc les sociétés bancaires, celles dans la téléphonie, la grande consommation, les biens immeubles, le recouvrement, dans l’énergie. IL s’agit de leur permettre des gains de performance en améliorant nos briques fonctionnelles. Le partenariat durerait un an. Nous sommes actuellement à la recherche de sept autres partenaires.

Propos recueillis par Geoffroy Framery