Pourquoi tout reste à faire en logistique urbaine ? 

4 mai 2018 | Par

« Pourquoi tout reste à faire en logistique urbaine ? »
Augustin GUELDRY (Fondateur de Colicoach) nous démontre ici en quoi la politique de la ville et l’expérience client sont intimement liés. Mais le retard à combler est important et l’enjeu des datas est clé.

Les contractions sont nombreuses entre les différents acteurs de la ville qu’il s’agisse des autorités municipales, des habitants, des consommateurs, des prestataires ou encore des acteurs économiques. Les attentes sont paradoxales notamment entre les acteurs économiques et les consommateurs. Dit autrement comment consommer et assurer les livraisons sur toutes les zones de chalandises sans nuisances et sans créer d’engorgements ?

Il faut trouver de nouvelles modalités de collaboration pour dépasser les contradictions.
– quid de l’approvisionnement des commerces sans créer de nuisances en termes de stationnement ou de pollution ?
– quid de l’attractivité économique de la ville malgré les nuisances ?
– quid pour concilier les prix de l’immobilier avec les coûts logistiques plus forts en centre-ville tout en conservant la performance des entreprises ?

Il importe de trouver un point d’équilibre car en l’absence d’activité économique, l’agglomération devient une ville-dortoir. Les nuisances sont inexistantes mais l’intérêt d’y vivre et l’attractivité en pâtissent. Au-delà des bonnes intentions, on peut se demander ce que font les agglomérations sur le sujet de l’alimentation du fret. Aujourd’hui nous constatons que les mesures se limitent souvent à une interdiction des poids lourds de circuler dans les centres-villes la journée mais est-ce que les agglomérations se sont donnés les moyens pour assurer une supply satisfaisante aux commerces.
Les agglomérations ne mettent qu’exceptionnellement à disposition du foncier pour des activités logistiques. Pourtant il s’agit d’une solution pour concilier les enjeux de la supply et ceux de l’attractivité des villes sans apporter trop de nuisances.

L’enjeu des data est également à souligner. Il existe trop peu d’informations fiables partagées sur la réalité supply concernant les flux réels. Par exemple à Paris, personne n’a un chiffre précis sur le nombre de véhicule et le type de véhicule qui y circulent chaque jour.
Tant côté prestataires qu’au niveau acteurs économiques, personne ne dispose de base de données pour optimiser les livraisons. Faute de data, il demeure impossible de monter des scenarii.

Côté prestataires, l’usage des technologies pour améliorer leurs processus est encore trop faible.  Historiquement, ces acteurs ont collecté beaucoup de données mais aujourd’hui, ces dernières sont généralement peu valorisées par les prestataires.

Côté acteurs économiques, un retard a également été constaté. Malgré le e-commerce qui existe depuis 20 ans, les retailers historiques accusent un certain retard sur la gestion de l’omnicanal. Dit autrement, nombre d’enseignes ont du mal à marier le physique et le digital. Cela pose la question de leur avenir. Si les commerces ne répondent pas aux nouveaux comportements des clients, quid de l’avenir des enseignes ?
L’exemple de ToysRus est plein d’enseignements à tirer. La fermeture de l’enseigne ne signifie pas que demain un acteur alternatif pourra le remplacer spontanément. Dans la réalité, cela signifie la mort du commerce, sans rebond. Ces enjeux ne concernent pas que le BtoB comme l’atteste l’arrivée d’Amazon dans le secteur des professionnels en France. »

Par Florent Miquel